The Man Condemned to Death

Sur mon cou sans armur et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu'un veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s'émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.

O viens mon beau soleil, ô viens, ma nuit d'Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d'ici battre notre campagne.

Le ciel peut s'éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l'herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.

O viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde!
Visite dans sa nuit ton condmané à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens! Pose ta joue contre ma tête ronde.

Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour.
Nous n'avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu'il fait pâlir le jour.


Upon my neck without armour and hate, my neck
That my hand more light and solemn than a widow
Presses lightly under my collar, without your heart stirring,
Let your teeth take on their wolf-smile.

O come my beautiful sun, O come, my night of Spain,
Arrive in my eyes which will be dead tomorrow.
Arrive, open my door, bring me your hand,
Lead me far from here to scour the battleground.

Heaven may awaken, the stars may blossom,
Nor flowers sigh, and from the meadows the black grass
Gather the dew where morning is about to drink,
The bell may ring: I alone am about to die.

O come my heaven of rose, o my blonde basket!
Visit in his night your condemned-to-death.
Tear away your own flesh, kill, climb, bite,
But come! Place your cheek against my round head.

We had not finished speaking to each other of love.
We had not finished smoking our gitanes.
Well may we ask why the Courts condemn
A murderer so beautiful he makes the day to pale.

--Jean Genet, from "Le condamné a mort"